Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/86

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Dès que mon maître fut guéri, ils parurent avoir renoncé à me dévorer ; mais ils me gardaient avec soin, et ne me laissaient pas sortir seul.


Comment le Français qui leur avait conseillé de me dévorer revint au village, et comment je le suppliai de m’emmener avec lui ; mais mon maître ne voulut pas y consentir.
CHAPITRE XXXV.

En me quittant, Karwattuwar, le Français dont j’ai parlé, était parti avec des Indiens amis de ses compatriotes, pour rassembler des marchandises dont les sauvages font commerce, savoir : du poivre et certaines espèces de plumes.

Quand il voulut retourner à l’endroit où les vaisseaux français ont l’habitude d’aborder, et que l’on nomme Mungu Wappe et Iterroenne, il fut obligé de repasser par le village où j’étais. Il me croyait déjà mort, car il pensait, en partant, que l’intention des sauvages était de me manger ; et il le leur avait conseillé, comme je l’ai dit plus haut.

Ayant appris que j’étais encore vivant, il vint me voir, et m’adressa la parole dans la langue des sauvages. Je le conduisis dans un endroit où ceux-ci ne pouvaient pas nous entendre ; et je lui dis qu’il voyait bien que c’était la volonté de Dieu de me conserver la vie, que je n’étais pas Portugais, mais Allemand, et que je n’avais été amené parmi les Portugais que par le naufrage que j’avais éprouvé à bord d’un navire espagnol. Je le suppliai d’appuyer mon dire auprès des sauvages, et de les assurer que j’étais l’ami des Français,