Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/88

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

leur promettant que nos amis leur apporteraient une rançon.

Dès que ce Français fut parti, Alkindar Miri, un de mes maîtres, me dit : « Que t’a donné le Français, ton compatriote ? Pourquoi ne t’a-t-il pas fait présent d’un couteau que tu m’aurais donné ? » Il se fâcha très-fort contre moi : car, dès que la santé leur fut revenue, ils avaient recommencé à me maltraiter, et à dire qu’au fond les Français ne valaient pas mieux que les Portugais ; ce qui renouvela mes craintes.


Les Indiens dévorent un prisonnier et me conduisent à cette fête.
CHAPITRE XXXVI.

Au bout de quelques jours, les Indiens ayant résolu de manger un prisonnier à Tickquarippe, village situé à six milles de là, ils me tirèrent de la cabane où j’étais détenu, et m’y conduisirent dans un canot, avec l’esclave que l’on devait manger, et qui était d’une nation nommée Marckaya.

Ces Indiens ont l’habitude, quand ils se préparent à dévorer un prisonnier, de fabriquer avec des racines une boisson qu’ils nomment kawi, et de s’enivrer avant de le massacrer. Quand le moment fut venu de s’enivrer en l’honneur de sa mort, je lui demandai s’il était prêt à mourir, et il me répondit, en riant,