Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, original 1557.pdf/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui en est cause, car il a regardé toute la journée dans les peaux du tonnerre : ils voulaient parler du livre dans lequel j’avais lu, m’accusant d’avoir produit cet orage pour empêcher leur fête, et sauver cet esclave parce qu’il était l’allié des Portugais. Je priai le ciel, qui m’avait déjà préservé si souvent, de détourner encore cette fois leur colère »

Mais le temps étant redevenu beau au point du jour, ils s’apaisèrent et se mirent à boire. Je dis à l’esclave : « C’est Dieu qui a excité ce grand orage et qui veut t’avoir. » Le lendemain il fut dévoré. On verra à la fin de cet ouvrage les cérémonies qui s’observent à cette occasion.


Ce qui se passa pendant notre retour après que cet esclave eut été dévoré.
CHAPITRE XXXVII.

Quand la fête fut terminée, nous nous rembarquâmes pour retourner à notre village ; et mes maîtres emportèrent avec eux une partie de la chair rôtie de cet esclave. Nous mimes trois jours à faire la route que nous avions parcourue en un seul, à cause du vent et de la pluie. Le premier soir, pendant que nous construisions une hutte pour passer la nuit, ils m’ordonnèrent d’empêcher le mauvais temps. Je dis alors à un petit garçon qui était occupé à ronger un des os de cet esclave, où il restait encore un peu de chair, de le jeter. Mais les sauvages s’y opposèrent, en disant que c’était pour lui la meilleure nourriture.

Quand nous fûmes à un quart de mille du village, il devint impossible d’avancer, tant les vagues étaient fortes.