Page:Hans Staden - Des hommes sauvages nus feroces et anthropophages, trad Ternaux, Arthus Bertrand 1837.djvu/179

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ajouta que si je pensais qu’il ne guérirait pas, il le donnerait à un de ses amis pour le tuer, et acquérir du renom par ce moyen.

Il était malade depuis une dizaine de jours, quand, pensant le soulager, j’essayai de le saigner avec la dent d’un animal, nommé Backe, que les sauvages aiguisent à cet usage ; mais je ne pus réussir à tirer du sang. Les Indiens, voyant cela, commencèrent à dire : Puisqu’il ne peut échapper à la maladie, il vaut mieux le tuer. Je les exhortai à n’en rien faire, parce qu’il pouvait encore guérir ; mais cela ne servit de rien, ils le conduisirent à la cabane du roi Vratinge. Il fallut que deux d’entre eux le portassent, car il était si malade, qu’il ne s’apercevait pas de ce qui se passait. Celui à qui on l’avait livré s’en approcha alors, et lui donna un tel coup sur la tête qu’il lui fit jaillir la cervelle. Ils voulurent alors le manger ; et je les exhortai à n’en rien faire, leur représentant qu’il était malade et que sa chair devait être malsaine.