Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/411

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— Il faut venir si loin pour se rencontrer ! Les montagnes seules…

M. le substitut Perrenet les aborda avec les marques d’une joie vive. Le comte lui rendit assez froidement ses politesses.

— J’ai quitté Lyon depuis quelques jours…

Arsemar pâlit ; Georges emmena l’intrus. Il apprit sans trop faire violence à la discrétion du jeune magistrat que la comtesse avait tout dernièrement donné à sa ville l’esclandre d’un roman d’amour, où le capitaine B. de R. avait joué le plus beau rôle.

— Mars et Vénus, concluait le spirituel gazetier ! Ce pauvre M. d’Arsemar en a l’air vraiment affecté.

Desreynes prit congé, pour ne gifler personne.

— Qu’est-ce qu’il t’a conté ?

— Rien.

— Tu as un air, pourtant…

— Moi, non ?… Je suis fort gai.

Le paquebot qui les avait conduits devait reprendre au soir la route du continent : les bagages ne furent même pas déchargés.

Pierre, cette nuit encore, demeura sur le pont ; Georges, harassé, resta près de lui.

Arsemar pensa qu’il était cruel d’imposer au convalescent ce dangereux excès de fatigues. Mais cette nuit était si bonne et reposante au cœur ! Il jura de ne pas mourir…

Une autre chose aussi le retenait dehors. Fréquemment il parlait le premier, et par vingt ambages