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nora l’énigmatique

VII

Comme ils approchaient de la maison, ils en virent sortir le capitaine Benoît.

— Ah ! vous voilà, dit-il… Je désirais causer avec toi, Édouard, mais je ne voudrais pas troubler…

— Je vous le laisse, répliqua Nora. Je suis épuisée. Il faut que j’aille me reposer un peu.

Les deux hommes marchèrent en silence pendant quelques instants. Puis le capitaine se décida.

— J’imagine, dit-il, que vous vous êtes expliqués… Avant d’aller plus loin, il faut qu’à mon tour je me confie à toi. Nous en sommes tous à un point où doivent cesser les quiproquos dans l’atmosphère desquels nous vivons depuis quelque temps… Je ne sais comment aborder le sujet. Je crains de tomber dans le mélo… Un souvenir littéraire me revient. Tu sais, n’est-ce pas, qu’à la fin du 18e siècle florissait en France le drame à mouchoir, aux péripéties compliquées, qui se dénouaient souvent par la révélation d’une paternité grâce à un objet que gardait l’enfant depuis toujours : la « croix de ma mère », comme disait le papa Faguet, jouait un grand rôle dans ces dénouements… Eh bien, nous voilà en somme à une telle phase… Qui je suis en réalité, t’en doutes-tu !

Édouard s’arrêta net.

— Ne me torturez pas, murmura-t-il. La pensée m’est déjà venue que vous êtes… lui… Surtout le soir de Morona, dans votre chambre… Je l’ai repoussée… Ne me la remettez pas en tête.