Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/86

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dont les branches à dentelure tombante se croisaient au-dessus de l’allée ombreuse. La chaleur y était douce et parfumée. L’air du lac circulait, dans des sentiers de silence, chargé de l’odeur des muguets et des haies de cèdre sombre. Le gazon était plaqué, ici et là, de taches lumineuses, et, de loin, cela ressemblait à de la moire de velours. Deux jolies femmes, cheveux au soleil, promenaient leur babil clair autour des plates-bandes. Le long des bouquets d’aubépines, montaient, lascifs, les calices blancs et humides des liserons des haies. La bermudienne bleue et violette tendait ses pétales aux feuilles basses des arbustes pâmés ; le coquelicot rouge vif, celui dont on a dit qu’il fait songer à des lèvres meurtries par des baisers, montrait ses prunelles ardentes, tandis que les têtes rondes des trèfles blancs frissonnaient sous la bouche des abeilles fouillant dans leurs cheveux d’argent. Comme un bras chargé de perles, un long cercle de muguets encerclait l’étang. Des merles sautillaient dans la vase, autour de l’eau, et les femelles des oiseaux tiraient de longs vermisseaux des gazons mouillés. Au centre, une pluie diamantée chantait et dansait au bout des jets fusant en éventail.

Au bord de ce lac minuscule, où ils s’étaient