Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/10

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par les bureaux d’adresses, tout ce qui se passait dans la ville, et son ami d’Hozier, le célèbre généalogiste, qui entretenait, pour les besoins de ses travaux, une correspondance très étendue avec les provinces et l’étranger, le tenait au courant des nouvelles de l’extérieur ; il avait ainsi un inépuisable répertoire d’anecdotes dont il amusait ses nobles malades. Aussi n’était-il pas moins recherché pour ses vives et intarissables causeries que pour son habileté dans l’art de guérir. Voyant cette grande soif de nouvelles, la pensée lui vint d’écrire toutes celles qu’il recueillerait de différentes sources, et d’en faire faire des copies qu’il distribuait dans ses visites.

Ces nouvelles à la main eurent tant de vogue, que Renaudot se trouva bientôt dans l’impossibilité de suffire aux demandes qui lui en étaient faites. Il songea alors à les faire imprimer, pour les vendre aux gens qui se portaient bien. Richelieu, auquel il s’adressa pour obtenir l’autorisation nécessaire, s’empressa de la lui accorder, ayant bien vite compris de quelle importance serait pour le gouvernement une feuille racontant les événements sous la dictée et dans le sens du pouvoir.

Le premier numéro du premier de nos journaux parut, sous le titre de Gazette[1], le 30 mai 1631.

  1. Ce nom, emprunté à une feuille de même nature qui se publiait à Venise depuis le commencement du siècle, vient de gazetta, petite pièce de monnaie que l’on donnait pour lire cette feuille ; à moins que l’on ne préfère la version de quelques mauvaises langues qui voudraient que la Gazette eût pris son nom de celui d’un oiseau babillard, la pie, gazza. Quoi qu’il en soit, on a continué jusqu’à ces derniers temps à désigner sous ce titre les feuilles politiques ; la dénomination de journal, qui a prévalu depuis peu, fut d’abord réservée aux recueils littéraires et scientifiques. « Un jour-