Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/116

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dre que son délire ne recommence. Pour sa gaieté, il n’en est plus question ; sa folie est sombre, taciturne ; c’est un véritable spleen. Autrefois elle chantait, elle dansait, elle se couronnait de lys et de roses ; aujourd’hui elle ne chante que dans ses accès ; sa voix est rauque et canaille ; elle saute, au lieu de danser, et ses mouvements sont épileptiques. Elle a quitté les fleurs des parterres, et elle se pare avec des orties et des chardons.

» Ce qu’il y a d’étonnant, c’est que son embonpoint n’a pas diminué ; il a même augmenté d’une manière miraculeuse, malgré ses tourments, ses saignées, ses purgations et sa longue diète. Mais on prétend que ce n’est qu’une pléthore, bouffissure, mauvaise graisse.

» Le seul espoir qui nous reste sur le sort de madame Gallia est dans son tempérament, qui est excellent, comme on le voit par sept ans de maladie et d’un traitement semblable.

» D’ailleurs le nombre de ses médecins a un peu diminué, ce qui est toujours un grand point. Voici le temps où l’on doit faire une grande consultation sur les moyens de la guérir[1]. Si ses amis ne choisissent que des docteurs vraiment doctes, plus occupés de la santé que de la fortune de la malade, on ne désespère pas de la sauver. Mais, hélas ! il se présente tant d’ignares et de méchants, la concurrence est si grande, qu’il y aura plus de bonheur que de sagesse si elle échappe. »

(Le Menteur, journal par excellence, an V.)


portrait des parisiens.

« Ô Parisiens ! hommes légers, faibles et pusillanimes, dont le goût pour les nouveautés va jusqu’à la fureur, et dont la passion pour les grandes choses n’est

  1. Les élections.