Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/12

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ont amené la création du premier de nos journaux que ce fût un recueil de commérages. Renaudot avait pris par son côté sérieux le besoin qui travaillait les esprits ; c’était une œuvre sérieuse qu’il avait entreprise, et pendant vingt-deux ans il en poursuivit l’accomplissement avec un dévoûment, avec une régularité dont on appréciera tout le mérite, si l’on se reporte au temps où il écrivait.

Mais écoutons-le lui-même : il va nous dire dans ses préfaces, quel sera l’esprit de sa Gazette, et comment il appréciait la portée et les avantages de cette invention. « Sire, dit-il au roi, en lui offrant le recueil de la première année, c’est bien une remarque digne de l’histoire, que, dessous soixante-trois rois, la France, si curieuse de nouveautés, ne se soit point avisée de publier la gazette ou recueil pour chacune semaine des nouvelles tant domestiques qu’étrangères… Mais la mémoire des hommes est trop labile pour lui fier toutes les merveilles dont Votre Majesté va remplir le Septentrion et tout le continent. Il la faut désormais soulager par des écrits qui volent, comme en un instant, du Nord au Midi, voire par tous les coins de la terre. C’est ce que je fais maintenant, Sire, d’autant plus hardiment, que la bonté de Votre Majesté ne dédaigne pas la lecture de ces feuilles[1].


    acception, le plus ancien journal est le Journal des Savants, dont la publication commença en janvier 1665, et qui est parvenu, à travers des phases diverses, au premier rang des recueils de ce genre.

  1. Il semble qu’il soit difficile de faire dire à cette phrase obséquieuse autre chose que ce qu’elle dit. Cependant un rédacteur d’un de nos grands journaux y a découvert un acte de courage qu’il signale à l’admiration de la postérité. Dans un article magistral sur l’ancienne presse, M. J., venant à parler de la lettre dédicatoire de Renaudot, et faisant allu-