Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi n’ont-elles rien de petit que leur volume et mon style. C’est, au reste, le journal des rois et des puissances de la terre ; tout y est par eux et pour eux, qui en font le capital ; les autres personnages ne leur servent que d’accessoire… »

Et dans sa préface au public : «… La publication des gazettes est, à la vérité, nouvelle ; mais cette nouveauté ne leur peut acquérir que de la grâce, qu’elles se conserveront toujours aisément… Surtout seront-elles maintenues pour l’utilité qu’en reçoivent le public et les particuliers : le public, pour ce qu’elles empêchent plusieurs faux bruits qui servent souvent d’allumettes aux mouvements et séditions intestines… ; les particuliers, chacun d’eux ajustant volontiers ses affaires au modèle du temps. Ainsi, le marchand ne va plus trafiquer en une ville assiégée ou ruinée, ni le soldat chercher emploi dans les pays où il n’y a point de guerre ; sans parler du soulagement qu’elles apportent à ceux qui écrivent à leurs amis, auxquels ils étaient auparavant obligés, pour contenter leur curiosité, de décrire laborieusement des nouvelles, le plus souvent inventées à plaisir, et fondées sur l’incertitude d’un simple ouï-dire. Encore que le seul contentement que leur variété produit ainsi fréquemment, et qui sert d’un agréable divertissement ès-compagnies, qu’elle empêche des médisances et autres vices que l’oisiveté produit, dût suffire pour les rendre recommandables. Du moins sont-elles en ce point exemptes de blâme, qu’elles ne sont pas aucunement nuisibles à la foule du


    sion à ce passage, s’exprime ainsi : « On y lit cette phrase hardie : Que votre majesté ne dédaigne pas de lire ces feuilles ! » Qu’on nie, après cela, la possibilité de faire pendre un homme avec deux lignes de son écriture.