Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/15

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me plaigniez pas en toutes ces rencontres, et que vous n’excusiez pas ma plume, si elle ne peut plaire à tout le monde, en quelque posture qu’elle se mette ? Non plus que ce paysan et son fils, quoiqu’ils se missent premièrement seuls et puis ensemble, tantôt à pied, et tantôt sur leur âne. Et si la crainte de déplaire à leur siècle a empêché plusieurs bons auteurs de toucher à l’histoire de leur âge, quelle doit être la difficulté d’écrire celle de la semaine, voire du jour même où elle est publiée ! Joignez-y la brièveté du temps que l’impatience de votre humeur me donne, et je suis bien trompé si les plus rudes censeurs ne trouvent digne de quelque excuse un ouvrage qui se doit faire en quatre heures de jour, que la venue des courriers me laisse, toutes les semaines, pour assembler, ajuster et imprimer ces lignes. Mais non, je me trompe, estimant, par mes remontrances, tenir la bride à votre censure. Je ne le puis ; et si je le pouvais (mon lecteur), je ne le dois pas faire, cette liberté de reprendre n’étant pas le moindre plaisir de ce genre de lecture, et votre plaisir et divertissement, comme l’on dit, étant l’une des causes pour lesquelles cette nouveauté a été inventée. Jouissez donc à votre aise de cette liberté française ; et que chacun dise hardiment qu’il eût ôté ceci ou changé cela, qu’il aurait bien mieux fait : je le confesse.

» En une seule chose ne céderai-je à personne, en la recherche de la vérité, de laquelle, néanmoins, je ne me fais pas garant, étant malaisé qu’entre cinq cents nouvelles écrites à la hâte, d’un climat à l’autre, il n’en échappe quelqu’une à nos correspondants qui mérite d’être corrigée par son père le temps. Ceux qui se scandaliseront possible