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de deux ou trois faux bruits qu’on nous aura donnés pour vérités seront par la incités à débiter au public, par ma plume (que je leur offre à cette fin), les nouvelles qu’ils croiront plus vraies, et, comme telles, plus dignes de lui être communiquées… »

On peut juger, d’après cette préface, publiée un an après l’apparition du premier numéro, quelles tribulations assiégèrent le pauvre gazetier, comme le nommaient les pamphlets.

Mais, fort de l’appui du pouvoir et de la faveur publique, Renaudot poursuit son œuvre sans se laisser ébranler. On voit pourtant que ces attaques continuelles l’inquiètent et l’irritent. Pendant deux ans, il se croit obligé d’y répondre une fois par mois, tout en s’avouant à lui-même qu’il ne réussira point à convaincre ses détracteurs : « car, dit-il quelque part, mon récit, étant l’image des choses présentes, non plus qu’elles il ne saurait plaire à tout le monde. »

Cependant le succès d’une pareille entreprise ne pouvait être un instant douteux en France : aussi fut-il rapide et grand. Des 1663, Renaudot se place au dessus des petites jalousies ; il méprise leur morsures impuissantes, et parle en homme qui est sûr de sa force. « Les suffrages de la voix publique m’épargnent désormais de répondre aux objections auxquelles l’introduction que j’ai faite en France des gazettes donnait lieu lorsqu’elle était encore nouvelle : car, maintenant, la chose en est venue à ce point, qu’au lieu de satisfaire à ceux à qui l’expérience n’en aura pu faire avouer l’utilité, on ne les menacerait de rien moins que des petites-maisons. Seulement ferai-je, en ce lieu, aux princes et aux états étrangers la prière de ne perdre point inuti-