Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/17

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lement le temps à vouloir fermer le passage à mes nouvelles, vu que c’est une marchandise dont le commerce ne s’est jamais pu défendre, et qui tient de la nature des torrents, qu’il se grossit par la résistance. »

C’était là un langage digne d’un écrivain qui a la conscience de son œuvre, et que l’on croirait plus jeune de deux siècles. Dès lors, la Gazette marcha sans entraves ; et son rédacteur, décoré du titre d’historiographe de France, se crut assez haut place pour mépriser les pamphlets qu’à cette occasion lui décocha la Fronde.

Une estampe de l’époque, conservée a la bibliothèque impériale, représente la Gazette assise sur une espèce de tribunal ; sa robe est parsemée de langues et d’oreilles. Le Mensonge, démasqué, lui lance des regards plein de haine ; la Vérité au contraire semble heureuse d’être assise auprès d’elle. Au pied du tribunal, à droite de la Gazette, qui le désigne du doigt, Renaudot remplit les fonctions de greffier. Les cadets de la faveur se pressent autour de lui, et lui offrent de l’argent ; mais il détourne la tête pour ne les point entendre. À gauche, sept personnages, les diverses nations, dont un à cheval, et parmi lesquels on distingue un Castillan à la longue rapière, aux moustaches retroussées, et un Indien coiffé de plumes, apportent des nouvelles et remettent des lettres à la Gazette, en chantant son éloge. Au fond est le crieur du journal, avec un panier d’exemplaires. Chacun des personnages est supposé réciter un quatrain gravé en marge de l’estampe, et que nous croyons pouvoir nous dispenser de reproduire.

On sait que Richelieu prenait un intérêt tout particulier à cette publication, qu’il regardait comme un