Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/19

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pondit par une Requeste adressée a la régente, et c’est alors qu’on apprit tout le mystère de cette haute comédie, dont le secret n’eût jamais existé si la loi sur la signature eût été promulguée dès ce temps-là.

Cette requête, dont Monteil possédait un exemplaire manuscrit, probablement unique, et que nous avons inutilement cherché à la Bibliothèque impériale, est sans aucun doute le plus ancien monument de l’histoire de notre presse périodique. Le père des journalistes français, dit Monteil, ne pouvait être un sot : sa défense est adroite, et, d’ailleurs, historique. Il expose qu’il exerce depuis vingt-cinq ans la charge de commissaire général des pauvres malades, auxquels il procure gratuitement les consultations de vingt médecins ; qu’il en a guéri et médicamenté à ses frais plus de vingt mille ; qu’il a acheté une maison destinée à estre l’Hostel des consultations charitables, mais qu’on traverse par des oppositions son utile entreprise. Passant ensuite, par une habile transition, de la santé de ses malades à celle de son journal, qui ne lui tenait pas moins à cœur : « On ne peut faire de bien en France qui ne soit approuvé par une si bonne princesse, trop équitable pour s’arrêter aux mauvaises impressions que les esprits malfaisants lui veulent donner. » Et puis la reine n’avait alors aucune part aux affaires, il n’a pu que parler de sa vie exemplaire, il n’a pu davantage. Et combien n’a-t-il pas fait faire de vœux à la France pour ses grossesses et heureuses délivrances. — Enfin s’adressant directement à Anne d’Autriche : « Les discours que j’ai faits de la maladie du roi et de sa mort, dit-il, ont été de perpétuels panégyriques de la piété et amitié conjugale de Votre Majesté. »

Abordant alors cette affaire des prisonniers espagnols dont on venait, après dix ans, réveiller le sou-