Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/22

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que occupé en effet que fût Renaudot par son journal et par ses opérations commerciales, il n’en avait pas moins continué l’exerciee de la médecine et la distribution de ses remèdes chimiques, dont le temps n’avait fait qu’accroître le succès ; il venait même d’acheter dans le quartier Saint-Antoine un vaste emplacement pour y élever une maison spéciale de consultation, où lui et ses acolytes auraient toujours été à la disposition des malades pauvres. La Faculté devait éclater devant un pareil excès de philanthropie, nous voulons dire de charlatanisme. Armée d’un ancien règlement qui interdisait l’exerciee de la médecine à Paris à quiconque n’avait pas reçu ses grades à l’Université de cette ville, elle intenta à Renaudot un procès qui eut un grand retentissement, et dont les pièces, recueillies par un des fils de ce dernier, ne remplissent pas moins de trois volumes in-4o. En vain une foule de témoins de toutes les classes vinrent déposer en faveur du talent de Renaudot et de l’excellence de ses remèdes ; il avait contre lui la lettre de la loi, il devait succomber.

Mais la Faculté n’aurait pas trouvé son compte à ce que le procès fût ainsi renfermé dans ses justes limites, il lui fallait du scandale ; ce qu’elle voulait, c’était écraser sous la calomnie son redoutable adversaire. Voilà pourquoi, se posant en redresseur de torts, à l’accusation d’exercice illégal de la médecine, elle joignit, par une étrange confusion de tous les principes, celle de trafic et d’usure. Sur ce terrain, l’envie pouvait se donner plus largement carrière, et nous avons vu quelques uns de ses admirables arguments. Ce qu’il y eut de déplorable dans cette affaire, c’est que les juges de Renaudot ne montrèrent pas plus de lumières que ses adversaires ne montrèrent de bonne foi. Son Mont-de-Piété