Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/25

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de cette longue tension, se replièrent sur eux-mêmes ; puis, quand on fut un peu remis de l’étourdissement produit par cette violente secousse, on regarda naturellement derrière soi, on mesura le chemin parcouru, on compta les morts restés sur le chemin de la civilisation. Propagé par la nouvelle presse, le goût des études historiques envahit jusqu’aux provinces les plus arriérées. Chaque département, chaque ville, se mit, avec une noble émulation, à fouiller ses archives, à inventorier ses richesses, revendiquant sa part de gloire dans l’œuvre commune, exhumant ses morts et leur élevant de son mieux un piédestal. Cette pieuse reconnaissance fera l’honneur de notre temps.

Il s’en faut encore cependant que l’œuvre de la réparation soit complète. N’est-il pas étonnant, par exemple, que rien n’ait encore été fait pour l’homme auquel nous sommes redevables de ce merveilleux instrument de civilisation qu’on appelle le journal ? Mais, nous le répétons, nous aimons à penser qu’il aura suffi de signaler un pareil oubli pour qu’il soit bientôt réparé ; et c’est plein de confiance que nous faisons appel à la presse française aussi bien qu’à tous les hommes qui s’intéressent à la cause du journalisme, à la liberté de la parole. Serait-ce trop faire pour Renaudot que de consacrer sa mémoire par une médaille qui rappellerait, avec ses traits, ces paroles, dont la vérité ressort chaque jour plus frappante : « La presse tient cela de la nature des torrents, qu’elle grossit par la résistance ? »

Mais revenons à la Gazette. Elle parut d’abord une fois par semaine, en huit pages petit in-4o, divisées en deux parties, l’une portant le titre de Gazette, et l’autre, celui de Nouvelles ordinaires de di-