Le roi, la reine et l’Éminence
Leur donnaient parfois audience,
et, ce qui valait mieux pour le poète, lui accordaient
de temps a autre des gratifications qui toujours étaient
les bienvenues :
Car, jouant tant que le jour luit,
Et bien souvent toute la nuit,
Loret était toujours à sec, malgré les gratifications
de la cour, malgré le produit de ses gazettes et les
pensions que lui faisaient plusieurs grands seigneurs.
Au moins peut-on dire à sa gloire qu’il ne se montra
point ingrat. Quand Fouquet, qui était l’un de ses
bienfaiteurs, fut enfermé à la Bastille, Loret eut le
courage de le plaindre et de manifester hautement le
désir de le voir triompher de ses ennemis. Colbert,
irrité de l’audace du pauvre gazetier, le raya du rôle
des pensions.
La politique n’occupait pas exclusivement les colonnes de Loret ; les naissances, les mariages, les morts illustres, les mille petits événements de la cour et de la ville, les anecdotes comiques ou scandaleuses, tout était de son domaine. Il n’oubliait pas non plus les institutions utiles. Nous lisons dans la lettre du 26 août 1653 :
On va bientôt mettre en pratique,
Pour la commodité publique,
Un certain établissement
(Mais c’est pour Paris seulement)
De boîtes nombreuses et drues
Aux petites et grandes rues,
Où, par soi-même ou son laquais,
On pourra porter des paquets,
Et dedans, à toute heure, mettre
Avis, billet, missive ou lettre,
Que des gens commis pour cela