Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/53

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liv. 4 sous pour la province. Aussi la spéculation fut-elle heureuse, et procura, dit-on, jusqu’à 100 000 francs de bénéfice par an. Pour qui a feuilleté les premières années de cette feuille insipide, qui devait rester étrangère à toute question politique, qui ne pouvait même donner des nouvelles de la cour, son succès est un des témoignages les plus éclatants de l’innocence de nos pères.

La Gazette de France, le Mercure et le Journal de Paris, forment a peu près tout le bilan de la presse en France avant la révolution. Après ces feuilles, on n’a guère à nommer que les Annales politiques et littéraires, de Linguet ; l’Esprit des journaux et l’Esprit des Gazettes, deux recueils mensuels ; le Journal du Lycée de Londres, par Brissot-Warville, le Journal historique et politique, fondé à Genève par Mallet du Pan, et quelques autres qui se produisirent à l’occasion des assemblées des notables, mais qui n’eurent qu’une existence éphémère, telles que le Journal ecclésiastique, de l’abbé Barruel ; la Sentinelle du Peuple, par Mondesève et Volney ; le Journal général de l’Europe, par Lebrun et Smith, et le Hérault de la Nation, ou le Précurseur de tous les journaux, par Magnancourt.

Pour tout dire, nous devons ajouter que la sévérité de la censure donna lieu, à plusieurs reprises, à l’émission de gazettes manuscrites connues sous Ie nom de Nouvelles à la main, chroniques scandaleuses plutôt que politiques, qui ne laissèrent pourtant pas que d’inquiéter plus d’une fois le pouvoir. Les feuilles de ce genre qui eurent le plus de vogue furent celles qui émanaient d’un cercle de nouvellistes qui se tenait chez madame Doublet, et dont les principaux membres étaient l’abbé Legendre, Piron,