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les deux frères La Curne Sainte-Palaye, Mirabeau, Falconet, Voisenon, etc., et Bachaumont, sous le nom duquel on a publié des Mémoires secrets, dont les principaux matériaux ont été pris dans les nouvelles, anecdotes et jugements, recueillis jour par jour à la paroisse, comme on nommait le salon de madame Doublet.

Tels furent les faibles commencements de la presse périodique, de cette puissance qui devait bientôt forcer toutes les autres puissances à compter avec elle. « C’est que la liberté de la presse n’était pas encore passée dans le journal en ce temps-là ; c’est qu’en ce temps-là il y avait le plus puissant, le plus impérieux, le plus sceptique, le plus moqueur, le plus démolisseur, le plus français des journaux, la correspondance de Voltaire ; c’est que le style du journal, cette improvisation de toutes les minutes, n’était pas encore arrêté ; c’est que la vocation n’était pas comprise ; c’est que l’opposition au pouvoir, cette condition première de la presse, n’était pas dans le journal : elle était dans les livres, elle était dans l’Encyclopédie, aux discours de J.-J. Rousseau, aux tragédies de Voltaire ; elle était partout, excepté au journal. »