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II


LA PRESSE PENDANT LA RÉVOLUTION



Son rapide et prodigieux développement. — Sa licence,
ses excentricités. Curieuse statistique.

Ainsi, jusqu’en 1789, la presse était demeurée à l’état d’enfance, s’ignorant elle-même, sans force ni caractère. Mais son temps était venu : elle allait éclater tout à coup comme un feu souterrain qui a rompu ses digues, et son explosion devait ébranler la vieille Europe jusque dans ses fondements ; déjà si fortement sapés par la philosophie du dix-huitième siècle.

Une génération nouvelle avait été enfantée par les encyclopédistes, génération enthousiaste, inquiète, impatiente de mettre la main aux affaires publiques, travaillée d’ailleurs par ces esprits hasardeux, ces âmes irritées, qui se rencontrent au début de toute révolution.

L’ardeur des esprits s’exhala d’abord dans des milliers de brochures, où étaient agitées, avec une extrême vivacité, les questions qu’avait soulevées l’approche des états généraux, questions brûlantes qui remuaient toutes les passions, toutes les fibres populaires. Mais à peine les états généraux furent-ils réunis, qu’une foule de journaux surgirent comme par enchantement, ceux-ci pour enregistrer, ceux-la pour discuter les actes de cette assemblée qui tenait l’Europe entière suspendue à ses débats.