Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/56

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Dès le 2 mai, Mirabeau l’aîné commença la publication de ses Lettres à ses Commettants, prolégomènes du Courrier de Provence. Ce fut comme le signal de la mêlée, je dirais presque de la course, car ce qui se passa alors réveille involontairement en moi l’idée d’une course au clocher. Seulement le but n’était pas le même pour tous ; chaque concurrent avait son clocher qu’il poursuivait à tort et à travers, renversant, brisant tout sur son passage, jusqu’à ce que l’haleine lui manquât, ou qu’il se brisât contre une force supérieure.

À la suite du Courrier de Provence se lancèrent, et à quelques jours d’intervalle :

Le Journal des États Généraux, par Lehodey ;

Le Bulletin des Séances des États Généraux, par Maret, depuis duc de Bassano ;

Le Point du Jour, ou Recueil de ce qui s’est passé la veille à l’Assemblée Nationale, par Barère ;

Les Évangélistes du Jour, par Dulaure ;

Le Patriote français, par Brissot ; épigraphe : « Une gazette libre est une sentinelle avancée qui veille sans cesse pour le peuple. »

Le Courrier de Versailles à Paris, etc., par Gorsas ;

Les Révolutions de Paris, par Prudhomme, Loustalot et Tournon, avec leur enseigne si hardie et si fameuse : « Les grands ne nous paraissent grands que parce que nous sommes à genoux. Levons-nous ! »[1]

  1. Voici comment Prudhomme jugeait la révolution : « Le philosophe qui embrasse l’univers, qui voit les âges se succéder, les empires se former, s’étendre, se détruire et s’écraser les uns les autres, et de leurs ruines de nouveaux