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mât mieux leurs sentiments ou leurs sympathies. Nous n’avons pas besoin de dire qu’il y eut un grand nombre de Patriotes : — le patriotisme était la monnaie courante de l’époque ; seulement chacun l’entendait à sa façon. L’un s’intitulait Patriote royaliste ; un autre, Patriote républicain, et un troisième, Patriote révolutionnaire. D’autres, au nombre de cinq ou six, se dirent tout simplement Patriotes français ; mais comme si l’on eût pu suspecter la pureté des sentiments que couvrait cette enseigne, quelques uns, à l’instar de certains marchands de denrées, se crurent dans la nécessité d’y ajouter une épithète qui répondit du bon aloi de leur patriotisme. Ainsi il y eut un Vrai Patriote français, par le sans-culotte Lefranc ; un Patriote sincère, un Patriote incorruptible, etc.

Le plus fameux des Patriotes français fut celui de Brissot de Warville, que nous avons déjà cité, et qui avait pour épigraphe : « Une gazette libre est une sentinelle avancée qui veille sans cesse pour le peuple. »

Les Républicains, cela va sans dire, marchent de pair avec les Patriotes, et ne sont pas moins nombreux.

Il y eut dans cette catégorie un titre presque aussi commun que celui de Journal, c’est le titre d’Ami. Chaque parti, chaque opinion, chaque idée, chaque homme un peu marquant eut son partisan, son Ami, son Défenseur.

Le peuple surtout devait avoir et eut de nombreux amis, car les amis n’ont jamais manqué à la puissance qui se lève.

La première et la plus célèbre des feuilles de ce titre fut l’Ami du Peuple, par Marat, qui en commença la publication en septembre 1789 ; il y eut un