Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

thies sur les hommes et les principes qu’ils voulaient combattre.

C’est ainsi qu’on vit successivement paraître sur la brèche l’Ennemi des Préjugés ; — l’Ennemi des Aristocrates ; — l’Ennemi des Conspirateurs ; — l’Ennemi des Oppresseurs ; — l’Ennemi des Tyrans ; — l’Anti-Fanatique ; — l’Anti-Terroriste ; — l’Anti-Fédéraliste  ; — l’Anti-Royaliste, qui avait pris cette épigraphe : « ll n’y a pas de rois dans la nature » ; — l’Anti-Marat, 1791, par une société de gens de lettres royalistes ; — l’Anti-Brissotin ; — le Contre-Révolutionnaire ; — le Contre-Poison des Jacobins, par Moreau et Jardin.

Il y en eut qui s’érigèrent en Censeurs, d’autres qui s’armèrent du Fouet national[1].

Quelques titres sont plus significatifs encore ; ainsi : le Bonnet rouge, par une société de sans-culottes ; — le Sans-Quartier, avec cette épigraphe : « Je me f…s de ça, je porte perruque. »

Au milieu de cette mêlée sans trève ni merci, de cette confusion de toutes les idées et de tous les principes, il se rencontra quelques esprits naïfs qui tentèrent de se poser en médiateurs entre les partis, ou de guider l’opinion publique, tiraillée dans tous les sens.

Il va sans dire que plus d’un se présenta comme

  1. Le Fouet national excitait ainsi les femmes à marcher sur Versailles dans les journées des 5 et 6 octobre :

    « Allez, Mesdames amazones, allez cueillir des lauriers. Par une femme Rome acquit la liberté ; par une femme les plébéiens obtinrent le consulat ; par une femme finit la tyrannie des décemvirs ; par une femme Rome assiégée fut sauvée des mains d’un prescrit : par vous peut-être ; braves Parisiennes, l’aristocratie va être terrassée, la France va sortir tout à fait de l’esclavage. »