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réputation s’étendit bientôt dans tout le Poitou et dans les provinces environnantes. Mais Renaudot ne tarda pas à trouver ce théâtre trop étroit. Il revint donc à Paris en 1612, et il obtint, dès son arrivée, le titre de médecin du roi. À en croire ses détracteurs, ce n’était là qu’un vain titre, et, pour vivre, il aurait été obligé d’ouvrir une école. Qu’importe, après tout ? Les difficultés qu’il eut à vaincre ne sauraient amoindrir son mérite, et l’envie qui s’attache à ses premiers pas milite déjà en sa faveur.

Quoi qu’il en soit, Renaudot eut le grand art de mettre le public dans ses intérêts, et de se faire de puissants protecteurs. Richelieu, qui se connaissait en hommes, le distingua bientôt, et lui donna l’office de commissaire général des pauvres valides et invalides du royaume.

Renaudot méritait cette faveur à plus d’un titre. La chimie, qui était encore dans son enfance, commençait à fournir à la médecine quelques curatifs nouveaux, contre lesquels tonnait la Faculté de Paris. Renaudot, qui cherchait le progrès partout, se montra un des plus ardents à exploiter cette mine nouvelle, et, en dépit de la routine, ses remèdes chimiques eurent un succès d’autant plus grand, qu’il les donnait gratuitement aux pauvres, avec ses consultations.

Ce n’était pas, du reste, le seul service qu’il rendît aux malheureux. Dans le désir de venir en aide aux travailleurs, il avait établi une maison de prêt, ou mont-de-piété, où affluaient les gens nécessiteux. Ce fut le premier établissement de ce genre. On y prêtait le tiers de l’estimation des objets, moyennant 3 0/0 d’intérêt et un léger droit d’enregistrement. Les dépôts, il est vrai, devenaient la propriété du prêteur s’ils n’étaient pas retirés à l’époque conve-