Page:Hatin - Histoire du journal en France.djvu/90

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Dans l’origine, Hébert apportait quelque modération dans ses pamphlets : c’étaient les tendances qu’il combattait ; c’étaient les partis plutôt que les hommes qu’il attaquait. Mais bientôt il n’y avait plus rien eu de sacré pour lui, et Marat seul pouvait lui disputer en férocité.

Nous le voyons d’abord, rempli d’enthousiasme pour les grandes réformes opérées par l’assemblée constituante, confondre dans son amour le roi et les députés.

— « Quand j’examine tout ce qu’il a fallu de raison, de force, de lumière, d’intrépidité, de prudence, pour concevoir, suivre et exécuter tant et de si belles idées, oui, f… ! j’en conviens sans rougir, je suis comme un aveugle à qui l’art, ou quelque hasard heureux, rend l’usage des yeux, et qui jouit pour la première fois de l’aspect du soleil… Je ne puis apprécier chaque partie du tout, mais son ensemble me paraît admirable… J’idolâtre la constitution comme un amant sa maîtresse… Ce n’est pas à nos seuls représentants que nous avons des hommages à rendre. Le roi aime la constitution, f… ! il l’a acceptée de bonne foi, il l’a jurée, il la défendra. J’aime le roi de tout mon cœur… »

Apprend-il que le roi est malade, vite il fait proclamer :

« La Grande douleur du Père Duchesne au sujet de la maladie du roi, et sa grande colère contre les aristocrates qui empoisonnent sa vie.

— » Non, f… ! s’écrie-t-il, il n’est plus de plaisir pour moi ; le vin me semble amer, et le tabac répugne à ma bouche. Mon roi, mon bon roi est malade ! Français, pleurez avec moi ; notre père est alité ; le restaurateur de la liberté française est retenu dans son lit. Oh ! f… ! son cœur est toujours au milieu de son