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geusement, par leur nom, les journaux ses confrères, le Mercure de France, le Verdun. Une ou deux fois Prévost fut appelé sur le terrain de la défense personnelle, et il s’en tira toujours avec dignité et mesure. Attaqué par un Jésuite du Journal de Trévoux au sujet d’un article sur Ramsay, il répliqua si décemment que les Jésuites sentirent leur tort et désavouèrent cette première sortie. Il releva avec plus de verdeur les calomnies de l’abbé Langlet-Dufresnoy ; mais sa justification morale l’exigeait, et l’on doit à cette nécessité heureuse d’intéressantes explications sur les événements de sa vie. Nous nous bornerons à une citation qui peint bien l’excellent homme. Langlet l’avait brutalement accusé de s’être laissé enlever par une belle. Prévost répondit que ces enlèvements n’allaient qu’aux Médor et aux Renaud et il exposa, en manière de réfutation, le portrait suivant, tracé de lui par lui-même :


Ce Médor si chéri des belles est un homme de trente-sept à trente-huit ans, qui porte sur son visage et dans son humeur les traces de ses anciens chagrins, qui passe quelquefois des semaines entières dans son cabinet, et qui emploie tous les jours sept ou huit heures à l’étude, qui cherche rarement les occasions de se réjouir, qui résiste même à celles qui lui sont offertes, et qui préfère une heure d’entretien avec un ami de bon sens à tout ce qu’on appelle plaisirs du monde et passe-temps agréables ; civil d’ailleurs, par l’effet d’une excellente éducation, mais peu galant ; d’une humeur douce, mais mélancolique ; sobre enfin et réglé