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tiver le jardin qui lui appartient, et de le priver de la propriété des légumes que ses peines y ont fait croître ? La profession d’auteur est estimée, honorée parmi nous ; et la propriété d’un auteur sur les fruits de son travail n’y est pas moins sacrée que toutes les autres. Elle le serait davantage, s’il y avait, en pareil cas, des exceptions. À qui donc le sieur de Méricourt persuadera-t-il que, le prospectus de son journal approuvé par M. le lieutenant général de police, le privilége accordé par M. le garde des sceaux, les cahiers visés par un censeur, il éprouve des difficultés pour continuer à s’acquitter envers ses abonnés ? Quoi ! ceux-ci se trouveraient pris à un piége qui leur aurait été tendu par le ministère, et, pendant qu’on les volerait d’un côté, on dépouillerait l’auteur du droit qu’il a sous la protection des lois ? Cela n’est pas possible, et l’on ne se joue point avec cette légèreté de l’argent du public et de l’état d’un particulier… »

Enfin le conseil estime que tous les obstacles, tant exagérés par le sieur de Méricourt, sont aussi chimériques qu’ils sont exposés avec malignité, et même avec un ton peu décent, et que les souscripteurs de son journal doivent le faire assigner à ce qu’il ait à leur faire parvenir la suite de son journal ; ce qui a été exécuté le mois dernier. Je soupçonne ce mémoire d’être de la même main que la comédie du Bureau d’esprit et de celle des Comédiens ou le Foyer[1].


Nous pourrions citer vingt autres exemples de cette animosité des comédiens contre les journalistes ; nous nous bornerons à revenir sur une querelle à laquelle nous avons déjà fait allusion.

On n’a peut-être pas oublié les efforts que fit le parti philosophique, à la mort de Fréron, pour étouffer l’Année littéraire, et les persécutions dont

  1. Le chevalier de Rutlidge, auteur d’un Babillard dont nous avons parlé. — On trouvera ce très-curieux pamphlet à la fin du volume de 1776 du Journal des Théâtres, à la bibliothèque Sainte-Geneviève.