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voulu nous charger, lorsque nous y pensions le moins, et sans que nous ayons ni sollicité ni prévu la confiance dont on nous honore. De ce moment la décence et l’impartialité, qui sont des devoirs pour tous les journalistes, en deviennent encore de plus sacrés pour nous. Nous en contractons l’engagement avec le public ; nous faisons même de ce devoir la base de notre journal.

Tout écrivain qui se croira fondé à se plaindre des jugements portés sur ses ouvrages dans quelques papiers publics pourra nous adresser ses défenses. Loin de nous excepter nous-mêmes de la loi commune, nous invitons les gens de lettres à nous répondre et à nous éclairer, s’il nous arrive de tomber, à leur égard, dans quelques méprises…

Nous abandonnerons aux journaux des sciences tous les objets qui doivent leur être spécialement réservés. Nous ne parlerons que des ouvrages qu’une longue expérience peut nous avoir mis à portée de juger, et nous nous contenterons d’annoncer les autres. La prétention de parler de tout nous paraît une témérité ; nous la regardons même comme une des causes qui a le plus contribué à décrier la profession de journaliste.

Nous consacrerons tous les mois un article à une matière qui fournirait elle-même le sujet d’un journal très-intéressant : nous y traiterons des erreurs de l’histoire, champ beaucoup plus vaste qu’on ne saurait le croire, sans en excepter même ceux de nos historiens dont les noms, respectés avec raison, doivent le plus en imposer à la confiance publique.

Afin de ne rien négliger de ce qui a paru un objet d’intérêt et de curiosité pour un grand nombre de lecteurs, nous avons obtenu la permission d’insérer dans notre journal une notice des édits, lettres-patentes, déclarations du roi, qu’on ne trouvait jusqu’ici que dans le Journal de Verdun, que l’administration a jugé à propos d’éteindre.

Sans nous dissimuler les difficultés de notre entreprise, dont personne n’est peut-être plus vivement pénétré que nous, nous ferons tous nos efforts pour justifier le choix qu’on a fait de nous, et pour remplir envers le public toutes les obligations qu’il nous impose.