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et les Ombres du début y ajoutent leur mystère et relient à la Loi nouvelle l’Ancien Testament que rappellent, au surplus, les textes de prophètes récités par Photine, — et il y a la note romaine du centurion.

La couleur, dans le style, est indiquée, sans excès, par quelques touches rares, des mots enchâssés çà et là avec une discrétion heureuse (éphod, Rabbi, rékikim, copher, nebel, kinnor), et, à tout instant, les personnages, — qu’il s’agisse du marché ou des scènes « pieuses » — font tableau.

Et ceux qui abhorrent le pharisaïsme pourront retenir ce précepte :

« Priez dans le secret. Ne priez pas longtemps.
« C’est être des grossiers qu’être des insistants.
« La meilleure prière est la plus clandestine ».

Cyrano, c’est « la merveille » ; non pas que l’Aiglon ou Chantecler n’aient atteint à plus d’ampleur, ou de noblesse, ou de profondeur, mais c’est que, dans Cyrano, vu le choix du sujet, l’époque, les milieux, le style exigé, toutes les faces du talent de M. Rostand, même celles qu’on dénomme défauts, ont leur emploi nécessaire, leur rôle indispensable, concordent pour un effet opportun et de souveraine joie théâtrale. Bref, il y a harmonie, équilibre.

Une action dramatique, et, pivot de l’action, un « caractère », qui est celui d’un héros, restant tel jusqu’à la fin, héros à la française, et quel héros ! Il était pour l’auteur une incarnation né-