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N’est-ce pas le théâtre qui a déterminé tous ses bonheurs ? Pourquoi ne lui en serait-il pas reconnaissant et ne le chérirait-il point ? Au vrai, il l’adore. Parce qu’il le comprend. Il est bon acteur, sait mettre en scène, donne avec justesse les indications sur la façon d’y dire les vers. Il lui arrive même de dire ses vers sur les planches, et où est le mal ? si on admet qu’un poète semble plus qualifié pour faire sentir la qualité ou l’accent de son badinage ou de son émotion qu’un « cabot » empathique et creux, comme un compositeur, même inhabile, aura, au piano, plus d’émotivité qu’un virtuose.

Je ne sais pas ce que c’est qu’un homme de théâtre, pense M. Rostand, sinon celui qui se fait écouter. Or, l’auteur de Cyrano, incontestablement, se fait écouter. Jamais il n’est simplement analytique ou abstrait, toujours il concrétise sa pensée en images, et de là vient, en partie, le reproche qu’on lui fait de ne pas « penser ». Tout, chez lui, prend corps, devient sensible et matériel. Tout, même l’intraduisible en pareille matière, se traduit scéniquement, au-delà, quand il le faut, des moyens mêmes du théâtre. Que l’on se reporte au 4e acte de l’Aiglon, où il emploie, en initiateur, le procédé dont s’est servi dernièrement M. Bataille dans le Songe d’un soir d’amour, puisqu’il traduit un rêve ou une hallucination du duc.

Le « théâtre » explique tout chez Rostand. Dans son œuvre, rien qui ne soit en fonction du « théâtre ». Minutie des indications détaillées pour