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pièces n’est construite sur le « patron » de la précédente, n’en est la copie ou la reproduction.

Sa marque, c’est l’ingéniosité, qu’elle soit ou non, comme le disait Mühlfeld dans son article dithyrambique sur l’Aiglon, la « forme industrieuse du génie ». Sa pensée, il l’exprime avec un tour nouveau et singulier qui lui donne une attrayante coquetterie. Cette coquetterie peut nous faire croire, chez le poète, à l’absence d’émotion que trop d’ingéniosité semble devoir tuer, car, le plus souvent, quand l’esprit s’amuse, le cœur est absent. Du moins, dans le couplet, jamais de banal, de « déjà vu ». Les développements et le style sont renouvelés, et, par suite, piquants — de par l’extériorité de l’art. Aussi comprend-on l’admiration extasiée d’un Mendès, qui fut obsédé du poète de Cyrano et alla jusqu’à l’imiter. Mais Rostand, malgré ses affectations, n’a pas l’entortillement et le subtil quintessencié qui rendent si pénible la lecture d’une Sainte-Thérèse. Son tarabiscotage est transparent.

Edmond Rostand, c’est l’incarnation de la Fantaisie. Or, qui dit fantaisie dit le contraire d’harmonie et d’unité. Il ne serait donc point au sommet si la simplicité est le dernier terme de l’art, car, fréquemment, on pourrait appliquer à sa « manière » les vers du poème à l’Impératrice :

Un je ne sais quoi de fêté,
De brillante, de pailleté…

Cela est si vrai, que la truculence d’un Richepin