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Page:Hauser - Les Balkaniques, 1913.djvu/19

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Je ne conseillai donc pas à Fernand Hauser le voyage qu’il désirait entreprendre ; il partit toutefois et ne tarda pas à se trouver face à face avec les effroyables difficultés qui attendent les débutants de lettres, lourds d’espérances et légers d’argent. Emile Blémont raconte qu’en ce temps là Hauser connut les nuits lamentables passées à l’auberge de la Belle Etoile, « sur le sol et sans le sol ». Je ne sais si, couché sur la terre gelée du bois de Boulogne le Gringoire qu’il était alors, pensa quelquefois aux prédictions plutôt décourageantes que lui avait faites à Toulon le confrère auquel il avait demandé conseil ; du moins – chose surprenante ! – Hauser ne m’a point gardé rancune de lui avoir déconseillé non point d’écrire, mais de s’embarquer sans biscuit sur la galère où les rameurs sont des rimeurs.

Et gentiment le voici qui vient aujourd’hui me demander une préface. A tout moment nous recevons, nous les aînés, requête pareille, et force nous est de répondre toujours par un refus, car s’il fallait écrire tant d’avant-propos, nous devrions renoncer à tout autre travail ! mais comment dire non à Hauser ? à ce Fernand Hauser qui est, comme moi, de Toulon, et dont je connais toute l’existence de patience tenace, d’énergie, de travail, de courage ? Fils de ses œuvres, il s’est instruit lui-même à force d’obstination, et il est devenu