Aller au contenu

Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

création la plus singuliere de Dante, dans cet ordre d’idées, est celle de Lucifer, ou Dite. Ce monstre, d’une taille démesurée, engagé jusqu’a la poitrine dans la glace qui constitue le sol du neuviéme cercle, a trois faces, une rouge, une jaune et une noire; les larmes de ses six yeux se mélent a la bave sanglante qui coule de ses trois bouches, dans lesquelles il triture avec rage trois traitres, Judas, Brutus et Cassius ; trois paires d’ailes, semblables a celles de gigantesques chauves-souris, s’agitent sans repos au~dessous de ses trois visages, produisant le vent glacé qui géle les eaux du Cocyte. Telle est la laideur repoussante a laquelle est réduit, en punition de sa révolte, celui qui fut le plus éblouissant des anges. Le seul rayon de beauté céleste qui pénetre dans l’Enfer est l’envoyé divin, qui vient forcer la porte de la ville de Dite, lorsque les demons s’obstinent a la fermer devant Dante et Virgile, apparition sublime de noblesse, de fierté, de puissance sereine.

Caton d’Utique est préposé a la garde de la montagne de l’expiation. La fermeté de son earactere, l’amour de la liberté qu’il déploya en préférant la mort a l’esclavage, ont fait de lui le symbole des aspirations de l’ame soumise a la servitude du péché, et qui réussit il s’en affranchir. Ensuite ce sont des anges que Dante rencontre a la porte du Purgatoire proprement dit, puis d’étage en étage : le premier grave sur le front du mystique pelerin les marques des sept péchés capitaux, et chacun des autres, de cercle en cercle, en efface une d’un coup d’aile, en chantant tour a tour les sept béatitudes. A ces anges succede, dans le Paradis terrestre, une jeune femme qui est sans doute la création la plus idyllique de Dante : elle marche solitaire a travers la forêt harmonieuse et embaumée, en cueillant des fleurs ; elle sourit