Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/129

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LA cc DIVINB COMIZDIE » 109 niste, et le voyage mystique qu’il accomplit a travers le monde des morts est avant tout l’image de sa propre con- version. On a déja vu que le point culminant de ce drame spirituel est, dans le Paradis terrestre, l’entretien ou Béatrice, aprés lui avoir rappelé le pur amour de sa ieunesse, le fait rougir de ses erreurs et de ses fautes. Tout, jusqu’a cet endroit, peut étre considéré comme la préparation de cette rencontre et de ce repentir; la suite n’en est que le complément nécessaire. Mais en dehors de ce caractere personnel de l’action proprement dite, le poéte a trouvé moyen, dans les pro- pos qu’il échange avec ses divers interlocuteurs, d’évo- quer maint détail de sa jeunesse, de rappeler ses con- seillers et ses amis, épris comme lui de poésie et d’a1·t, Brunetto Latini, Guido Cavalcanti, Giotto, le musicien Casella, Forese Donati; il aime surtout h revenir sur sa participation aux affaires publiques et sur son exil. Car si la date fictive du poeme est l’année 1300, Dante a imaginé de préter aux morts un pouvoir prophétique grace auquel il se fait annoncer, h plusieurs reprises, les dures épreuves qui ne lui furent pas épargnées a partir de 1302. Nous apprenons ainsi son sentiment sur la poli- tique de Florence et de diverses villes de Toscane, sur celle des papes et des autres princes italiens; il nous parle avec une reconnaissance émue de ceux qui lui témoignérent de l’af;’fection, les Malaspina, les della Scala, et annonce avec une joie confiante, trop tot décue, la descente de l’empereur Henri VII en Italie (1310-1313); il nous ouvre enfin son coeur quand il fait allusion a la gloire qu’il attend de son poeme, et qui lui inspire un supréme espoir : ses compatriotes vaincus, désarmés par son génie, ne le rappelleront-ils pas dans sa ville pour lui décerner la récompense qu’il aura méritée?