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INTRODUCTION

1494, mirent les Francais en présence d’une civilisation beaucoup plus raffinée. François Ier s’entoure de Florentins, de Génois, de Lombards, de Napolitains ; la poésie et les arts de l’Italie fleurissent à sa cour. Lorsque au début de 1549 parait le manifeste de la Pléiade, la révolution poétique est accomplie : les derniers restes de traditions médiévales qui subsistaient encore sont dédaigneusement rejetés ; l’imitation systématique des Grecs et des Latins est élevée à la hauteur d’un dogme.

La Renaissance italienne ne ressemble en rien à la crise tardive, mais rapide, qui jeta tout d’un coup la poésie française dans des voies aussi nouvelles. Comment parler de révélation de l’art ancien chez un peuple qui n’avait jamais entièrement détaché ses yeux de l’antiquité ? Que l’on regarde les admirables bas-reliefs exécutés par Nicolas de Pise dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, et que l’on dise si les sarcophages romains, païens et chrétiens, que l’artiste avait pu voir jonchant le sol de sa ville natale, sont étrangers à la conception que ce précurseur eut de son art. D’autre part, comment parler d’abandon des traditions médiévales, alors que le Roland furieux, l’œuvre la plus brillante et la plus caractéristique de la poésie de la Renaissance, met en scène Charlemagne et ses preux, tous les héros de nos chansons de geste, tous les chevaliers invincibles et charmants qui étaient devenus populaires en Italie dès le XVIIIe siècle ? — alors surtout que l’Arioste, en dépit des règles de l’épopée classique, réussit à tirer un parti imprévu, dans la composition de son poème, de l’ordre fantaisiste et capricieux que les ménestrels et les jongleurs italiens — les « Cantastorie » des carrefours — avaient mis en honneur dans leurs grossiers récits ? L’heure vint aussi, sans doute, où l’imitation directe et