Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/28

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servile de l’antiquité effaca toute trace d`inspiration populaire dans l’art italien; mais cela n’arriva que dans la premiere moitié du xv1° siécle, et cependant les oeuvres qui avaient vu le jour avant cette tyrannie des formes classiques, et en dehors d’elles, d’Orcagna a Verrocchio, de Giotto a Léonard, de Pétrarque a l’Arioste, ne sauraient étre rattachées au Moyen Age.

D’ailleurs, contrairement a ce qu’on vit en France, aucune influence extérieure, aucun événement particulier n’a déterminé, en Italie, le mouvement que nous appelons la Renaissance. La prise de Constantinople par les Turcs, a laquelle on a longtemps attaché une grande importance, n’en a réellement aucune : la collaboration des Grecs a cette forme de l’activité intellectuelle et de la civilisation que l’on appelle l’ et humanisme » avait précédé, et de beaucoup, la chute de Byzance : c’est par une lente évolution intérieure que l’ame italienne s’est graduellement haussée a une conception plus large, plus pénétrante de l’homme, de la vie et de l’art. L’étude des modeles antiques a contribué certes a faqonner la pensée et le gout, mais elle n’a pas eu l’influence initiale et prépondérante qu’on est communément tenté de lui reconnaitre. La supériorité de Pétrarque sur Dante, comme humaniste, ne vient pas de ce qu’il a connu un beaucoup plus grand nombre d’<euvres anciennes, mais bien de ce qu’il les a lues avec d’autres yeux : sa pensée s’est rencontrée avec celle des vieux auteurs; sous la lettre il a senti palpiter l’esprit; derriere les pages jaunies du livre froid et mort, il a retrouvé l’homme, toujours vivant et agité par les mémes passions que lui. Ce n’est pas l’antiquité qui lui a ouvert l’intelligcnce; mais c’est parce qu’il a eu l’intelligence plus ouverte qu’il a commencé at mieux comprendre l’antiquité.