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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/296

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croisade ; et c’était l’occasion de longs récits, auxquels l’enfant dut prêter une attention passionnée. À cette époque, les apparitions menaçantes des Turcs sur les côtes d’Italie, leur invasion sur les confins de la Hongrie, réveillaient dans la chrétienté des velléités de guerre sainte ; en 1558, la sœur aînée de Torquato, Cornelia, n’échappa que par miracle à une bande de pirates débarqués à Sorrente.

Le doux Bernardo, obligé d’accompagner son maître, était constamment loin du foyer familial. Lorsque, en 1552, Ferrante Sanseverino fut déclaré rebelle, avec son secrétaire, par le vice-roi de Naples, ce fut l’exil définitif. Porzia, la femme du poète, retenue par ses intérêts, ne put s’éloigner de Sorrente, où elle fut en butte à des vexations de toutes sortes de la part de ses frères. Elle dut finalement se réfugier dans un couvent, et envoya Torquato auprès de son père, à Rome. Cette séparation fut un des grands chagrins de l’enfant ; deux ans plus tard, en 1556, sa mère mourait, sans qu’il eût pu la revoir. Des lors Torquato suit son père de Rome à Urbin, à Venise, à Padoue ; il travaille sous sa direction et le ravit par la vivacité de son intelligence, par la rapidité de ses progrès ; Bernardo se persuade que son fils sera un grand homme, et, en attendant, il lui assure les moyens de compléter son éducation. À la cour d’Urbin, jalouse de continuer les traditions de bon goût et de perfection chevaleresque illustrées par Castiglione, Torquato devient le condisciple du jeune duc Francesco Maria ; à Venise, à Padoue, il rencontre, parmi les amis de son père, quelques-uns des hommes les plus célèbres du temps, comme les imprimeurs Paul et Alde Manuce et le critique Speroni. Pendant un an, il étudie le droit, mais avec si peu d’entrain que Bernardo l’autorise à y