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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/297

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renoncer, pour suivre les cours de philosophie et d’éloquence, à Padoue d’abord, puis à Bologne, d’où le jeune étudiant dut se sauver, en janvier 1564, accusé d’avoir composé une mordante satire contre quelques-uns de ses camarades et de ses maîtres. Ses études terminées, il entra au service du cardinal Luigi d’Este, à Ferrare ; c’est là qu’allait se dérouler la période la plus brillante, et, bientôt après, la plus douloureuse de sa vie.

Dès quatorze ans, dit-on, Torquato avait manifesté des aptitudes peu communes pour la poésie, et quelques pièces de lui furent imprimées en 1561. À la même époque, il nourrissait déjà le projet de composer un poème sur la conquête de Jérusalem par les premiers croisés, et il en ébauchait aussitôt le début ; puis, effrayé par la difficulté du sujet, et désireux pourtant de manifester au plus tôt son talent, il se rabattit sur un genre moins redoutable : le roman chevaleresque. Son Rinaldo, en douze chants, parut à la fin de 1562 : Torquato venait d’avoir dix-huit ans, et la faveur avec laquelle fut accueilli cet essai lui valut une célébrité précoce. Le Rinaldo ne présente pas seulement le grand intérêt de nous révéler, chez l’adolescent, quelques-unes des qualités, avec plusieurs défauts, que l’on retrouvera chez le poète en possession de tout son génie : la conception même en est originale. Le jeune Tasse avait fait, dès cette époque, une étude approfondie des théories poétiques depuis Aristote jusqu’à ses contemporains ; ses longues méditations sur ces matières lui fournirent, peu après, le sujet de plusieurs discours critiques, fort appréciés, qu’il lut à l’Académie de Ferrare. Son intention fut donc de soumettre les aventures romanesques de la jeunesse de Renaud aux règles du poème épique, et de trouver un compromis entre deux exigences, qui