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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/299

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le Tasse composa l’Aminta, pastorale, ou favola boschereccia, représentée à Ferrare dans l’été de 1573, avec un éclat inaccoutumé.


II


L’Aminta est un des plus précieux bijoux de la poésie italienne, et la valeur historique n’en est pas inférieure aux mérites intrinsèques de l’œuvre d’art ; car un genre nouveau, le drame pastoral, création authentique du xvie siècle italien, reçut du Tasse sa consécration officielle, et compensa, dans une certaine mesure, l’échec de la tragédie et de la comédie classiques.

L’origine du drame pastoral doit être recherchée dans la faveur dont la poésie bucolique avait constamment joui en Italie, des l’aurore de la Renaissance, avec l’Ameto et le Ninfale fiesolano de Boccace. À la fin du xve siècle, la poésie florentine et l’Arcadie de Sannazar avaient encore élargi ce courant d’inspiration idyllique ; la peinture idéalisée, artificielle, de la vie des bergers, de l’innocence et de la simplicité qui régnaient parmi eux, plaisait à une société raffinée et corrompue, en raison même de ce contraste. La forme, généralement dialoguée, des compositions bucoliques se prêtait à la récitation ; d’autre part, l’allégorie qui, depuis Virgile, constituait un des caractères essentiels du genre, permettait d’y glisser mainte allusion aux événements du jour ou aux personnages présents. Voila l’églogue portée à la scène, et installée dans les cours princières, où elle figure avec honneur au programme des fêtes, soit comme intermède, soit comme spectacle principal. L’élément dramatique s’y développait sans nuire à l’élément lyrique ;