Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/300

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l’intrigue s’enrichissait d’épisodes variés, les uns voisins de la tragédie, d’autres plus familiers, rappelant la comédie. La cour de Ferrare, qui avait eu l’honneur d’applaudir les premières comédies de l’Arioste, vit représenter en 1554 le Sacrifice, d’Agostino Beccari, que l’on considère comme le prototype du drame pastoral. À vrai dire, le principal mérite de Beccari était de totaliser les innovations esquissées par une longue série de précurseurs. Le cadre était trouvé ; quelques obscurs rimeurs essayÈrent d’en tirer parti, sans réussir à composer le tableau définitif : le Tasse avec son Aminta réalisa l’œuvre typique du genre.

Le berger Amyntas, issu d’une race divine, aime la nymphe Sylvia, la compagne de son enfance ; mais celle-ci, fidélement attachée au culte de Diane, le repousse sans pitié. Vainement Amyntas l’arrache aux mains d’un satyre impudent qui s’est emparé d’elle : Sylvia ne se laisse pas fléchir. Cependant on rapporte au berger qu’une bête féroce a dévoré sa belle, et Amyntas désespéré se précipite du haut d’un rocher. Sylvia, qui n’est pas morte, cède enfin à la pitié, et ouvre son cœur a l’amour : elle consent à épouser Amyntas, dont la chute a été amortie par des buissons propices. Telle est la fable simple et naïve, que le Tasse a ingénieusement découpée en cinq actes assez courts, de manière à présenter une série de tableaux variés, exprimant tour à tour les principales nuances de l’amour ; à la fin de chaque acte, les sentiments qui se dégagent de l’action sont brillamment résumés sous la forme d’un chœur. Il n’y a dans tout cela rien de très original quant au fond : depuis le prologue, récité par l’Amour, jusqu’à l'épilogue, où paraît Vénus à la recherche de son fils fugitif — motif emprunté à une célébre idylle de Moschus, — l’Aminta renferme