Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/311

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TORQUAT0 ·rAsso 291 couper du bois pour reconstruire leurs machines de guerre incendiées, est ensorcelée, et il faut que Renaud une fois délivré, oppose sortilege a sortilege pour trioui pher des embuches des demons. L`elément romanesque se méle donc dans une loru· proportion E1 l’élément classique, et l’étouH`e souvent. Le Tasse a déployé une ingeniosité peu commune pour les fondre; mais on ne saurait affirmer qu’il y ait parfaitc- ment réussi. Sa solution du probleme épique cst supé- rieure Ez celle du Trissin de toute la supériorité de son genie; au fond, elle ne vaut guére mieux; car le roman, dans la Jerusalem, fait constamment tort a l’epopee, et · l’ep0pee n’aj0ute rien E1 l’intérét du roman. Ifinspiration religieuse elle-méme n°a ni l’ampleur ni la sincérite qui conviendraient au sujet, et c’est bien parce qu’il en avait le sentiment que le Tasse était tourmenté dans sa con- science decatholique timoré. L’idée de transformer la magie aimable des romans chevaleresques en une inter- vention des puissances infernales coalisées contre le vrai Dieu est, a cet egard, caractéristique : la trouvaille était ingénieuse, mais qui peut penser que le Tasse y ait cru sérieusement? I/absence de conviction ne saurait étre compensée par le talent; et les diables costumes en harpies, en gorgones, en centaures, en sphinx et en chimeres, que Pluton reunit en assemblee pléniere (ch. IV), n’évitent pas le ridicule. L’erreur du 'l`asse ct de tout son siecle a eté de vouloir batir artificiellement une épopec, en un temps ou manquaient la naiveté, lcs fortes passions et la foi robuste qui caractérisent les époques vraiment épiques. Les qualités de premier ordre par lesquelles se soutient la Jerusalem délivrée sont en quelque sorte étrangéres au dessein meme du poeme. Seuls les récits de bataille,