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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/312

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292 LITTIIRATURE ITALIISNNB conduits avec un art consommé, qui réussit at éviter la monotonie, conservent at l’ceuvre l’allure hérofque qui convicnt au genre; le reste releve plutot de l’inspiration sentimeutale, élégiaque ou idyllique, ou le Tasse retrouve toute son originalité. Des le début on est séduit par le touchant épisode d’Olindo et de Sofronia (ch. II), les deux généreux amants qui veulent mourir ensemble pour sauver les chrétiens persécutés par Aladin, et que Clorinde arrache au supplice; un peu plus loin (ch. VII) on suit avec intérét la fuite de la plaintive Herminie qui trouve le repos au milieu d’une nature clémente, aupres de bergers dont elle partage l’existence laborieuse et inno- cente, tout en coniiant aux échos des bois la triste histoire de ses amours : le poete de l’Aminta reparait dans cet épisode fameux. C’est un décor plus sointillant et plus merveilleux, mais relevant d’une inspiration ana- logue, que celui des jardins enchantés d’Armide, ou Renaud s’0ublie dans les délices de la sensualité. Le Tasse n’avait pas entierement tort de se reprocher la complaisunce avec laquelle il avait décrit ce séjour du plaisir. C’est la pourtant que s’encadre sa création la plus belle et la plus humaine, cette Armide qui, du role d’enchanteresse poursuivant tous les chrétiens de sa haine, tombe at celui de simple amoureuse, éperdument éprise de Renaud, désespérée de son abandon, mais résolue at le suivre pour rester sa conquéte et son esclave. Au-dessus de tous les artifices de composition que les théories sur l'épopée lui avaient enseignés, le Tasse a trouvé ici, dans la peinture d`une femme subjuguée par l’amour, des accents d’une verité telle, qu’Armide est devenue le centre réel du poeme. Une autre scene, plus héroique, porte encore l’empreinte de Fame tendre et mélancolique de Torquato, et lui doit