Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/32

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rois espagnols, et les longs démélés de Galilée avec l’Inquisition, ce martyre du septuagénaire aveugle et brisé, mais toujours suspect, sont la pour nous l°apprendre. Il n’est pas jusqu’aux oeuvres de l’esprit qui ne subissent la tyrannie des regles et des Académies : le Tasse en fit la dure expérieuce. Or l’Italien ne s’était élevé si haut que par son indépendance et sa franchise dans l’expression de la réalité, par sa libre fantaisie, par le caractére nettement personnel de son observation, de sa pensée et de son art. Quoi d’étonnant si le triomphe de la conven- tion, de l’hypocrisie et de la force brutale lui porta un coup mortel ?

L’agonie pourtant se prolongea : l’ingénieuse reproduction des formes de la poésie antique put faire illusion sur la valeur réelle des oeuvres; un noble poete donna tardivement au Roland furieux un pendant souvent discuté, mais d’un incontestable intérét; un glorieux interprète des lois de la nature, qui fut aussi un excellent écrivain, montra de quelle hardiesse la pensée italienne était encore capable, malgré toutes les persécutions; l’opéra prolongea en Europe la suprématie artistique de l’Italie. La décadence n’en était pas moins manifeste : elle fut rapide, profonde — avec G.-B. Marino et son école, avec l’Arcadie; — elle dura longtemps. Il faut attendre le milieu du xv111‘ siécle pour assister aux premiers symptomes de réveil.

Deux choses contribuèrent alors à tirer les Italiens de cette torpeur prolongée : leur curiosité scientifique, et leur tendresse pour ce sol natal si indignement gouverné, pour ce peuple honnête et intelligent, si négligé, si méprisé, et qui semblait presque inconscient de sa déchéance. Les recherches historiques et littéraires, l’examen des problèmes sociaux captivent quelques