LE xvm srizcuz 301 voir dans le chevalier Marin l’importateur du virus qui avait contaminé l’hotel de Rambouillet, les Italiens aimaient a penser que les modes espagnoles, introduites en Italie et particuliérement a Naples avec la tyrannie des vice-rois, avaient corron1pu le gout du public et des poetes. Mais cette contagion n’est nullement démontrée; la prétendue identité de l’esprit précieux et du mari- nisme s’évanouit en présence d’une lecture impartiale des textes : les caracteres intimes en sont diH`érents. Certes l’Italie était, et resta quelque temps encore, l`éco]e des belles maniéres et de la délicatesse, surtout par opposition avec la grossiéreté toute soldatesque des courtisans d’Henri IV, élevés au milieu des guerres civiles; mais il reste at prouver qiic la marquise de Rambouillet ait fait au chevalier Marin l’accueil empressé dont on parle toujours, et que dément le silence de l’aventurier napolitain. Quant a l’Espagne, elle a infligé tant de maux a l’Italie, qu’elle peut bien Iui avoir com- muniqué aussi quelque chose de la morgue hautaine et de l`ostentation qui domiuaient dans ses modes; mais il faut avouer que les défauts que Marino a exagérésjusqu’ia la caricature étaient depuis longtemps en germe dans la poésie italienne. L'abus de l’esprit, la recherche de l’eH`et n’étaient pas absents du style de Pétrarque eh ses moins bonnes pieces; on en avait vu les consequences cliei ses continuateurs du xv° siécle, un Tebaldeo et un Serafino; l’imitation classiquc, au siécle suivant, n’avait pas arrété l’cssor du pétrarquisme, et le Tasse avait sacrifié comme un autre aux graces miévres et au gout des << concetti ». Mais ce délaut, tulérable chez un puéte doué d’une sensibilité vraie, devient odieux quand lc procédé n’est plus au service que d’une imagination déréglée. ,
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