Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/338

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318 Ll'I"I`éRATURE ITALIENNE sauce, l’opéra, éclos au milieu d’une société corrompue, s’écarta rapidement dc sa sévérité premiere. Les poemes fournis aux musiciens — c’est le seul aspect de la ques- tion qui releve de cette histoire — porterent aussitot les traces d’une profonde décadence. Avec Rinuccini l’action dramatique, divisée en un prologue et quatre épi- sodes, s’inspirait de la simplicité grecque, et visait tout a la f`ois au naturel dans les sentiments et a la variété des rythmes : les hendécasyllabes y étaient mélés a des vers plus courts, et ce récitatifétait coupé de strophes lyriques, destinées a étre chantées sur une mélodie plus passionnée. On reconnait dans cette conception de la Poésie les prin= cipes dont Chiabrera s’inspira vers le méme temps. Mais bientot apres, l’impuissance des poétes atraduire, a sentir meme l’émotion tragique, et la pauvrcté de leur imagi- nation laisserent tomber le mélodrame au niveau des plus fades galanteries, et des intrigues les plus romanesques. C’est la, selon la formule de Boileau, que sévit la mode de ee peindre Caton galant et Brutus dameret ». Le public, sceptique et indifférent, faisait féte aux poemes qu’un Cicognini, un Stannpiglia accommodaient a son gout, en y insérant des scenes de pure bouH`onnerie. 'I`out l’attrait de l’opéra résida des lors dans une mise en scene sonmp- tueuse et dans la virtuosité, dans le cabotinage méme des chanteurs. Aussi l`époque en apparencc la plus brillante de l’opéra italien, la fin du xvu° siecle, celle on les dix- huit théatres de Venise représcntercnt 361 pieces de 1637 a 1700, ou triompha Stradella (1645-1681), on le seul Alessandro Scarlatti (1649-1725) of.l`rit aux Napolitains cent vingt·-cinq opéras, fut-elle plutét unc décadence voluptueuse, dont l’i111moralité et les scandales résisté· rent ia toutes les tentativcs dc coercition z quelques papcs réformateurs durent capituler devant la risée ou la rébel·