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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/350

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|30 Lrrréanuna rrauxuuiz Si la vogue de la commeclia clell’arte faisait encore obstacle at l’ess0r de la comédie d’observation, le mélo- drame occupait, dans les affections du public, la place de la tragédie. Ce genre hybride, étranger aux émotions violentes, indulgent at la galanterie, agrémenté de spectacle et de musique, était exactement fait at l`image et a la taille des bergers d’Arcadie en perruques poudrées, et de leurs tendres bergéres en robes a paniers. Un noble vénitien, compositeur distingué, Benedetto Marcello, publia en 1721, sous le titre il Teatro alla mada, un réquisitoire d’une extréme vivacité contre les traditions qui s°étaient établies dans le drame lyrique : sous cou- leur de donner des conseils aux jeunes auteurs, Marcello trace unc esquisse fort plaisante des absurdes exigences du public, des acteurs et des directeurs. cm Avant do composer un poeme, dit-il, le a poete moderne » deman- dera au directeur une note détaillée indiquant le nombre des tableaux qu’il veut avoir;... il aura soin de s’entendre avec les machinistes pour savoir de combien d’airs, de monologues ou de dialogues il doit allonger les scenes, pour leur laisserle temps de faire leurs pré- paratifs... Il composcra le livret en entier sans se préoc- cuper' de l’action, afin que le public, incapable d’y discerner une intrigue, le suive avec euriosité jusqu’a la fin... Le bon poéte moderne ne s’enquerra jamais du talent des acteurs... Il les fera entrer et sortir sans motif, mais ils se retireront l'un aprés l’autre, aprés avoir chanté la canzonetta de rigueur... Pour terminer, il y aura un tableau d’une splendeur merveilleuse, pour que le public ne parte pas avant la fin, et l’on ne mauquera pas d’y chanter le chozur habituel, en l’honneur du soleil, de la lune, ou du directcur. » Ces piquantes contre-vérités ·- le xvm' siecle italieu aima plaitlcr aiusi la cause de la