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Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/398

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878 LKTTIERATURE KTALIENNB lui manquait, il n’épargna rien, ne recula devant aucune étude, si péuible qu’elle dut lui paraitre, pour rattrapen le temps perdu. Le premier pas at faire, et peut-étre le plus difficile pour lui, était de se rendre maitre de la langue italienne, qu’il savait peu et mal, étant Piémon- tais, élevé at l’Académie de Turin avec de jeunes étran- gers, vivant au milieu d°une société ou le franqais était parlé couramment; en outre il venait de passer pres de cinq ans hors d’Italie. Aussi un de ses premiers essais littéraires avait-il été une Esquisse du jugement universe! (1773) ou il s’inspirait du style de Voltaire. Pour réagir contre le gallicisme dont il était saturé, il dnt {`aire des séjours répétés en Toscane, particulierement at Sienne, se pénétra de la langue des classiques, prosateurs et poetes, de Dante au Tasse; parmi ses contemporains, il apprécia surtout Cesarotti; il parvint ainsi at se composer un style un peu factice et heurté, trop archaique et par- {`ois impropre, mais auquel il est impossible de contester la vigueur et la noblesse. Les premiers sujets qu’il traita, aprés Cléopdtre, étaient encore d`inspiration {`ranqaise : Filippo dérivait du Don Carlos, ec nouvelle historique » de Saint-Réal; Polinice était tiré des Fréres ennemis de Racine. Dans la suite, Alfieri, rougissant de cette dépendance, all`ecta de s’en aH`ranchir entiérement — c°est-a-dire qulil prit cer- taines précautions pour la dissimuler; mais la critique la plus récente ne s’y est pas laissé prendre. D’ailleurs Alfieri reconnaissait qu’il avait introduit au tliéatre pcu de sujets nouveaux, une demi-douzaine sur dix-neuf; mais il aimait a dire que, si l’invention véritable réside dans le renouvcllement d°une matiere déja traitée, per- sonne n’avait peut—étre plus inventé que lui. ll {`aut s`ar- réter un instant sur cette question du choix des sujets,