Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/403

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA Lxrrénartnx MORALB ur Nnxounu ass Piémont, dont le gouvernement tracassier l’exaspérait. Libre, ce dépiémontisé », il poussa un soupir de soula- gement, et put des lors résider A sa guise, en Italie, eu Alsace, A Paris. Malheureusementle culte de la liberté était, chez Alfieri, l'efi`et d’une humeur passionnée, sujette A des acces subits et violents, plutot que d’une volonté réfléchie, maitresse d’elle-meme. Il faut en rabattre sur les attitudes hérofques et désintéressées qu’il a prises dans son Autobiographie. Au fond, Alfieri, en dépit de professions de f`oi presque anarchistes, demeura toujours un aristocrate, imbu des préjugés de sa caste, légerement excentrique, entretenant A grands frais une écurie qui était son orgueil, fanatique enfin de la liberté politique jusqu'au jour oi} il la vit de trop pres. Lorsque la Revo- lution, dont il avait chanté les débuts avec enthousiasme, dans Parigi sbastigliato, prit une tournure alarmante et le menaca dans son repos, ses biens, sa personne meme, il n`eut pas assez de sarcasmes et d’invectives A lancer contre la France. Ainsi naquit le Misogallo, oeuvre de rancune et de violence, qui n’est ni juste, ni clairvoyante, ni méme courageuse. Ce ne fut pas la seule inconséquence du poete. Des 1777 il s’était épris d’une grande dame, Louise de Stolberg, comtesse d’Albany, femme du dernier Stuart, Charles-Edouard, prétendant au trone d’Ecosse, héros déchu, adonné A la boisson. C’est elle qui fixa le cusur d’Alfieri apres les orages de sa jeunesse; c’est pour elle qu’il composa des sonnets d’un accent tres personnel, avec une nuance de pétrarquisme, qui comptent parmi les mcilleurs du xv11x" siecle : il s'est plu A la représenter comme la muse, et le a digne amour » de sa vie. Par malheur les lettres trop nombreuses de la comtesse d’Albany ne peuvent laisser d`illusions sur la médiocrité