Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/43

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Dante, Pétrarque et tous les humanistes. Mais les essais d`un tour plus libre et plus populaire qui viennent d’être signalés laissaient prévoir que le latin ne pourrait plus longtemps suffire a exprimer toutes les idées d’une société jeune, active, et avide de jouissances intellec- tuelles.

Vers la fin du xiie siécle et au commencement du xiiie, on avait vu se répandre dans les cours princieres de l’Italie du Nord, et jusqu’en Sicile, une poésie vraiment moderne d’inspiration et de forme, qui fut accueillie avec enthousiasme par tout ce qu’il y avait d'aristocratique et de raffiné dans la société du temps : c’était la poésie des troubadours. Ces chanteurs d’amour, habituésa chercher aventure de ville en ville, de chateau en chateau, charmant partout les oreilles des nobles seigneurs et des gentilles dames, avaient franchi les limites du Limousin, du Languedoc et de la Provence, et parcouraient l’Espagne et l’Italie. Au dela des Alpes, ils recherchèrent tout particulièrement la cour de Boniface II, marquis de Montferrat, mort en 1207, celle des marquis d’Este, Azzo VI (m. 1212) et Azzo Vll (m. 1264), celle enfin de l’empereur Frédéric II à Palerme. Parmi les troubadours qui visitèrent alors l’Italie et se fixèrent momentanément auprès de ces princes, on cite Pierre Vidal, Rambaut de Vaqueiras, Gaucelm Faidit, Jean d’Aubusson, Aimeric de Peguilhan, d’autres encore, que les horreurs de la croisade contre les Albigeois avaient chassés de leur patrie. Les mentions élogieuses que Dante et Pétrarque font d’un Arnaud Daniel, d’un Bertrand de Born, d’un Bernard de Ventadour, d’un Giraud de Borneil, d’un Folquet de Marseille ou d’un Jaufré Rudel, montrent assez que les œuvres des meilleurs poétes de Provence étaient bien connues en Italie, ety excitaient une vive admiration.